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La Savoie que nous aimons

Jean Bertolino.
7 octobre 2016 •
La Savoie que nous aimons.
Ciel, que les lumières d’automne sont belles en Savoie. Hélène et jean habitent un immeuble de la Motte Servolex. Quand j’étais enfant, cette commune n’était qu’un village situé au pied l’Epine, une montagne qui par le col du crucifix et une vieille piste forestière – datant d’avant le rattachement de la Savoie à la France, appelée piste sarde – permet d’accéder au lac d’Aiguebelette (eau jolie) se trouvant de l’autre côté, dans l’avant pays savoyard. Par la colline du Tremblay que fréquentent de belles vaches repues, on atteint cette fois rapidement la localité du Bourget et notre lac tant aimé où « le temps peut suspendre son vol et les heures propices suspendre leur cours ».
L’appartement des Villard dispose d’un balcon qui s’ouvre sur la vallée de Chambéry avec les montagnes qui font face à la chaine de l’Epine et au mont Granier auxquels nous tournons le dos et que nous ne pouvons donc pas voir. En clair, nous sommes enchâssés entre le massif de la Chartreuse derrière nous et le massif des Bauges qui s’étale sous nos yeux. C’est un panorama exceptionnel à 180 degrés. A l’extrême droite, vers Grenoble, au loin, apparaissent les dentelures de la chaine de Belledonne souvent enneigées, puis à sa gauche le Margeriaz, masqué en partie par les rocheuses rondeurs du Mont Peney. Dans l’axe de notre vision, le mufle du Nivolet et sa croix emblématique. A sa gauche le mont Revard qui surplombe Aix les Bains et l’ensemble du lac. Tout au bout les douces hauteurs de la Chambotte semblent, elles, veiller sur Brison Saint Innocent et contempler l’Abbaye de Hautecombe nichée sur l’autre rive, au pied de la Dent du chat qui cherche à transpercer le ciel. Chaque matin et chaque soir, sauf quand les nuages ou les brumes dressent un rideau grisâtre sur ce somptueux décor, le spectacle devient fascinant. De douces traines de brumes roses voguent à mi hauteur des montagnes bleutées aux forêts humides de rosée qui à l’apparition du soleil prennent une luisance d’émeraude. A son coucher la lumière dorée qui vient les caresser leur donne un pouvoir magnétique qui happe notre regard jusqu’à la fin du crépuscule, quand elles s’estompent dans les teintes violettes qui précèdent la nuit.
Dimanche dernier, à l’inauguration du salon de Brison St innocent, conformément à la coutume, les élus du coin y sont allés de leur petit speech, et le maire d’Aix les bains, le lieu était propice, a fait référence à Lamartine en rappelant, à ceux qui l’ignoraient peut-être, que le poète avait été député et que ses interventions à l’assemblée étaient aussi bien rédigées et déclamées que ses poèmes. Il reconnut qu’aucun parlementaire aujourd’hui n’avait ce talent et cette éloquence.
J’aurais bien été tenté de lui rappeler qu’à notre époque le romantisme était depuis longtemps passé de mode et que les élus actuels du peuple, sans doute trop occupés à se montrer dans toutes les inaugurations, les cérémonies, les manifestations pour apparaître dans les médias et poser devant les caméras, rechignaient à s’enfermer de longues heures dans leur bureau avec l’idée de pondre de mémorables allocutions. Comme les produits de la société de consommation actuelle, leurs discours sont composés de paroles jetables. Pourtant, c’est vrai, qu’indépendamment de Lamartine, des voix d’orateurs, de tribuns remarquables ont fait jadis vibrer les murs de l’assemblée nationale. Je pense à Victor Hugo, Gambetta, Jaurès, Clémenceau, et plus près de nous Herriot, Duclos, et j’en passe. J’ai aussi été tenté de révéler au public que beaucoup de nos élus et la plupart de nos ministres ne se donnaient même plus la peine de rédiger leurs interventions et avaient recours à des mercenaires de la plume, des énarques souvent, qui cultivent l’art des petites phrases un peu provoquantes, susceptibles de faire le buzz sur la toile et d’être reprise par la presse, mais surtout celui de parler pour ne rien dire.
Quand vint mon tour en tant que parrain d’user de ma faconde, l’heure n’étant pas à la polémique, j’emprisonnais dans mon cerveau, ces réflexions qui me brûlaient pourtant les lèvres et jugeais plus judicieux d’évoquer la Savoie qu’ils aiment, que nous aimons tous, nous les natifs de cette belle vallée. M’inspirant donc de Lamartine, évoqué par « Monsieur le maire » je leur parlais du vent qui gémit dans le roseau qui soupire, du parfum léger de notre air embaumé, de tout ce que l’on entend, qu’on voit ou qu’on respire et de nos montagnes tant aimées.
J’en fus récompensé par des applaudissements nourris. Merci Alphonse.
Hier soir, nous étions invités par notre grand ami le poète marocain Mohammed Aouragh, savoyard d’adoption qui a épousé une fille de notre pays et vit désormais à Cognin, près de Chambéry. Etaient présents sa charmante épouse et ses deux sœurs tout aussi charmantes, Hélène, jean, Mohamed et moi. Devant un plantureux couscous nous avons refait le monde. Vivaaaa !
Jean Bertolino.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Bertolino


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